5 questions à Louise Tremblay d'Essiambre

Nos lectrices Charleston ont eu la chance de lire le premier opus de la saga Les Années du silence, intitulé Dans la tourmente. Elles ont posé 5 questions à l’auteur, Louise Tremblay d’Essiambre. Voici ses réponses !

Pourquoi avoir choisi de placer l’intrigue du roman durant la Seconde Guerre mondiale ?

À cause du contexte social de l’époque où une jeune femme enceinte sans être mariée était littéralement stigmatisée. C’était la honte, la déchéance absolue pour la famille et cet état de choses servait à merveille le sujet dont je voulais parler. De plus, à cause de la conscription, alors que les jeunes gens célibataires ont été obligés de s’enrôler, cela me donnait le prétexte idéal pour éloigner le père. Par contre, et dans mon cas c’est très important, une fois le sujet déterminé et l’écriture commencée, je n’ai plus aucun contrôle sur l’histoire et ce sont les personnages, de par leur nature profonde, qui déterminent leur destinée.

La grossesse et la maternité sont au cœur du roman. Est-ce un sujet qui vous touche particulièrement ?

IMG_5756Tout à fait. Je suis mère à plusieurs reprises (10 maternités, 9 enfants vivants !) c’est vous dire à quel point cet aspect de la vie d’une femme est important pour moi. Ceci étant dit, cette philosophie de vie reste un choix tout à fait personnel et loin de moi la prétention de l’ériger en règle absolue garantissant le bonheur ! Néanmoins, dans la vie de Cécile, cette règle sera identique à la mienne et son cheminement en découlera. Il me sera donc plus facile d’en parler.

Cécile est une femme optimiste, pleine d’espoir, qui croit en ses rêves et en son avenir. Êtes-vous une optimiste ? Cécile vous ressemble-e-elle ?

Question à deux volets, réponse à deux volets !

Oui, je suis une optimiste… Indécrottable, comme je le dis parfois à la blague. La vie est nettement trop courte pour prendre son temps en regrets, en indécisions, en reculs. Néanmoins, il faut savoir entretenir une certaine dose de prudence pour ne pas s’enliser dans des déceptions trop difficiles à gérer ! Et il ne faut surtout pas privilégier la rancune, c’est la plus formidable perte de temps qu’on puisse connaître dans une vie.

D’autre part, Cécile n’est surtout pas moi. On se ressemble, je l’admets, mais uniquement à certains égards. Comme il est plus facile et plus rigoureux de parler de ce que l’on connaît, il me semble normal de puiser à même certaines de mes émotions personnelles pour donner un sens à l’écriture… Ça permet aussi de réaliser certains rêves, non ? Cependant, pour trouver un personnage qui me ressemble vraiment, si cela vous intéresse, il vous faudra lire la saga La dernière saison… Jeanne, le personnage principal de cette série, c’est moi avec toutes mes qualités mais aussi tous mes défauts et nous partageons des valeurs identiques face à la vie et à la mort ! Le sujet de ce livre était trop intime pour oser puiser mon inspiration ailleurs !

Le thème des filles-mères est particulièrement poignant. Vous êtes-vous documentée pour aborder l’écriture de ce roman?

Par cette question, vous me faites sortir de ma zone de confort… Vous entrez dans mon intimité… Jusqu’à maintenant, je ne le disais pas beaucoup, car c’était pour moi une question de respect envers mes parents… Envers ceux qui m’ont élevée. Aujourd’hui, ils sont tous les deux décédés, je m’accorde donc la liberté de dire qu’étant moi-même adoptée, j’abordais ce sujet avec toute la sensibilité requise. Du moins, dans l’un des aspects de la question. Quant à la réaction de la mère, il me suffisait de penser à mes propres maternités et à mes accouchements pour placer les bonnes émotions aux bons endroits. J’ai aussi rencontré des femmes qui avaient vécu la situation exactement comme Cécile l’a elle-même vécue. De plus, les témoignages reçus à l’occasion de la parution du premier tome de cette série ont été nombreux et tous, sans exception, poignants de sincérité.

D’ailleurs avez-vous des rituels d’écriture ?

J’ose espérer que je ne suis pas la seule !!!

J’aime, non, je DOIS écrire seule, le matin à l’aube dans le silence et la tranquillité du petit matin. C’est à ce moment-là de la journée que l’inspiration est à son meilleur et les idées claires. Je m’installe face à une fenêtre, j’ai un café à portée de la main et je me laisser aller aux confidences que les personnages ont envie de me faire… J’ai la hantise de l’écran vide, à défaut de la page blanche, alors je relis ce que j’ai fait la veille pour mettre en oeuvre le processus de création. Cette étape est essentielle. J’ai peur de ne pas y arriver. Je doute. Je remets tout en question. Je lis et je relis…mille fois peut-être. Puis, brusquement, quelques sept heures plus tard, le fleuve des idées tarit. Je sais alors qu’il ne sert à rien d’insister, je perdrais mon temps. Je ferme l’ordinateur, je me lève en pensant aux milles choses qu’il y aurait à faire dans la maison… pour me retrouver aussitôt avec des tas d’idées concernant le livre. Les personnages, impitoyables, recommencent à envahir mon existence pour me suivre tout au long de la journée. Un vrai tourbillon fou d’images et de paroles… De temps en temps, parce que j’ai peur de tout oublier, je reviens devant l’ordinateur pour jeter à l’écran un mot, une phrase, un idée qui me serviront à l’aube du lendemain… Voilà à quoi ressemblent mes journées durant l’écriture d’un roman. Entre deux livres, j’ouvre les romans des autres pour me ressourcer !

Me voyez-vous ? Présentement je suis à mon bureau, le jour commence en ce samedi matin. Dehors, une petite buée lève doucement de la rivière, tellement le froid nous a envahi durant la nuit. L’hiver est à nos portes mais c’est beau, c’est inspirant et c’est un peu pour cela que j’ai eu envie de vous écrire !
Bonne journée à tous
L.T.d’Essiambre, écrivain

Merci à Louise Trembley d’Essiambre et à nos lectrices Charleston pour cette interview !


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