Conseils d'écrivains : Delphine Bertholon

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Pour vous aider dans la rédaction de votre manuscrit pour le Prix du Livre Romantique, Delphine Bertholon vous donne ses conseils. Un immense merci à elle !

Quels sont les 3 conseils que vous donneriez à un écrivain en herbe ?

1/ Écrire ce qu’on a besoin d’écrire, viscéralement. Ne jamais raisonner en mode « ça va marcher » (ou pas), « ça va plaire » (ou pas)… Je crois qu’on écrit bien que sincèrement, en se fichant des statistiques et du regard des autres. C’est aussi de cette manière qu’on dessine un univers singulier et que (paradoxalement ?) on touche les lecteurs. Bref, ne pas chercher à plaire à tout le monde… Démarche qui revient bien souvent à ne plaire à personne !

2/ Travailler en apnée – quelques heures, quelques jours, quelques semaines, selon les rythmes et les personnalités. Puis se relire, sur papier et avec un peu de recul. Là, couper, ajouter, corriger. Chercher un mot plus juste, une métaphore plus originale, un dialogue plus vivant… Être exigeant avec soi, toujours. Bienveillant, mais exigeant. Et ne pas se « forcer » à écrire les jours où l’inspiration n’est pas là. Faire autre chose – bouquiner, aller au ciné ou boire des coups avec les copains. Vivre, quoi ! La vie quotidienne est une grande source d’inspiration, même si on ne s’en rend pas compte sur le moment.

3/ Persévérer. Ne pas vouloir être publié à tout prix du premier coup, au premier texte, ne pas abandonner face au refus, en tirer des leçons positives. S’il y a bien un poncif qui s’applique à l’écriture, je trouve que c’est celui-ci : « C’est en forgeant qu’on devient forgeron ». Lire, écrire, lire et écrire encore. Il faut du temps pour se libérer, à la fois de ses références, de ses tics, de ses peurs. Un texte, comme le reste, doit se mûrir. Personne n’est génial du premier coup. En tout cas, c’est mon sentiment !

Où trouvez-vous l’inspiration ?

C’est assez mystérieux, en fait. J’ai des thèmes de prédilection qui, plus ou moins malgré moi, m’habitent et dont je peine à me défaire (l’adolescence, la féminité blessée, le secret de famille…) Je suis souvent inspirée par les faits divers, même si je les disloque en me les appropriant ; ils me servent de point de départ pour raconter autre chose – quelque chose de personnel. Il me faut, surtout, entendre un personnage. Chez moi, tout commence par là : le personnage, sa voix, et ce par quoi il est hanté.

Pour vous, qu’est-ce qu’un personnage réussi ?

Il faut qu’on ait l’impression qu’il existe (ou a existé, ou va exister) dans la vraie vie. Personne n’est tout noir ou tout blanc : dans la réalité, nous sommes tous des êtres en niveaux de gris – du plus sombre au plus lumineux. Éviter la caricature, le manichéisme. Essayer d’être juste. Les plus beaux personnages de la littérature ne sont pas forcément ceux qui ont les aventures les plus extraordinaires. Ce qui compte, c’est qu’on puisse croire à leur histoire, même la plus banale. Les aimer, les détester, qu’importe. Mais les ressentir. Et pour ce faire il faut, forcément, donner un peu de soi…

Un immense merci à Delphine Bertholon pour ces conseils. Retrouvez son dernier roman Les corps inutiles aux éditions JC Lattès :

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