L'interview de Catherine Robertson, par les Lectrices Charleston

Il y a peu, les Lectrices Charleston découvraient avec émotion le très beau roman La maison aux secrets, de Catherine Robertson. Après leur lecture, elles ont pu poser leurs questions à l’auteur. Découvrez sans plus attendre ses réponses !

Dans votre roman, la maison semble être un personnage à part entière. Avez-vous été inspirée par un lieu que vous connaissez ?

L’Empyrée n’existe pas vraiment, mais elle est un mélange entre de nombreuses maisons que j’ai eu l’occasion de voir (notamment en regardant The Antiques Roadshow – une émission de télévision britannique) ou que j’ai pu découvrir dans des livres. Je me suis très souvent plongée dans des romans mettant en scène des bâtisses : Manderley dans Rebecca de Daphne du Maurier, Hampton dans L’amour dans un climat froid de Nancy Mitford, Thrushcross Grange dans Les Hauts de Hurlevent, et même Poudlard chez J.K. Rowling ! Les lecteurs verront que j’ai été énormément influencée par Le Jardin secret de Frances Hodgson Burnett, avec cette maison et ce jardin négligés qui reflètent le désespoir du père récemment veuf, se détachant de son fils unique… La transformation et la rédemption des personnages, parallèles à celles du lieu, m’émeuvent encore aujourd’hui, même si j’ai lu et relu ce roman.

Votre personnage principal, April, fait face à un deuil terrible : la perte d’un enfant. S’agit-il d’une thématique qui vous est chère ? Pensez-vous qu’il soit possible de se relever d’une telle épreuve ?

Je voulais que l’histoire d’April soit la plus sombre possible au départ, et je ne pouvais pas imaginer pire épreuve que d’être témoin de la mort de son propre enfant. Une lectrice ayant perdu son enfant m’a un jour dit qu’April aurait dû se remettre plus vie de cette épreuve… Je suis ravie que ma lectrice ait eu la force de le faire, mais j’avais besoin qu’April reste bloquée dans sa douleur assez longtemps. Je ne pense pas que la douleur s’en aille un jour. Elle diminue peu à peu, au fil des années. Et je pense qu’écrire à ce sujet aide beaucoup, cela permet de mettre en lumière des sujets dont on n’ose pas parler habituellement.

Comment vous est venue l’idée de cette construction particulière du roman ?

Je savais que je voulais raconter l’histoire de deux personnages, mais je devais trouver un moyen de créer un lien thématique entre eux. Je l’ai trouvé dans La Divine Comédie de Durante degli Alighieri, alias Dante, que mon fils était en train de lire pour le lycée. Je savais qu’April commencerait son histoire dans les ténèbres et s’élèverait vers la lumière, tandis que James descendrait. J’ai donc lié leurs histoires à celle de Dante, à sa descente aux Enfers et à son ascension vers le Paradis à travers le Purgatoire.

Justement, ces références à Dante, à diverses mythologies… Êtes-vous une passionnées de mythes et d’Histoire ?

J’ai étudié l’Histoire et j’ai adoré cela. Mais je suis obsédée par les mythologies depuis mon enfance : la mythologie grecque, les contes nordiques, les légendes Maori de Nouvelle-Zélande ou les légendes celtiques et arthuriennes de Grande-Bretagne… Surtout, j’adore les histoires qui mêlent le folklore de différentes cultures : la chasse fantastique, l’homme vert, les multiples symboles de mort et de renaissance. Jack, dans La maison aux secrets, pourrait aussi bien être une figure mythique qu’un personnage réel. C’est au lecteur de choisir.

La nature et le jardinage ont une place très importante dans le roman. S’agit-il d’un symbole ?

Dans La Divine Comédie, la nature est une richesse créée par Dieu. Dans La maison aux secrets, elle est représentée par Jack, tandis qu’Oran représente l’art et la musique, les richesses créées par l’Homme. J’adore jardiner, c’est à la fois thérapeutique et gratifiant. Les jardins sont le symbole ultime du cycle de la mort et de la renaissance : même dans les plus froids hivers, nous savons que le printemps finira par arriver, et avec lui les fleurs… Tant que vous plantez bien les bulbes, évidement !

Sunny est un personnage fabuleux. Elle transmet énormément d’amour à travers sa cuisine. Et vous, aimez-vous cuisinez ? Êtes-vous nostalgique de certains mets de votre enfance, comme votre personnage ?

Je suis probablement meilleur en dégustation qu’en cuisine, mais j’aime beaucoup cuisiner. Je suis notamment réputée pour mes gâteaux, qui durent rarement plus d’une journée avec mes deux grands fils et mon mari. En Nouvelle-Zélande, nous avons un livre célèbre : le Edmond’s Cookbook. Il a été publié pour la première fois en 1908 et ne cesse d’être réimprimé depuis. C’est encore à ce jour la meilleure référence pour cuisiner de merveilleux gâteaux traditionnels. Je vous le recommande chaudement !

Un grand merci à Catherine Robertson et à nos Lectrices Charleston pour cette interview !


Dernières sorties Charleston