L'interview de Mary Marcus

 

    

Mary Marcus a répondu aux questions des Lectrices Charleston sur son roman Le Refuge des souvenirs ! Découvrez ses réponses !

Comment vous est venue l’idée d’écrire sur la ségrégation ?

J’ai grandi dans une petite ville de Louisiane à la fin des années 1960. Bien que les écoles aient été officiellement désagrégées par la loi, il n’y avait qu’un seul Afro-Américain dans mon école. Les fontaines d’eau étaient séparées, les salles d’attente étaient séparées, les Afro-Américains devaient s’assoir à l’arrière du bus : toutes les manifestations brutales du racisme qui étaient illégales existaient encore dans ma ville natale. J’étais très en colère. Mais j’étais terrorisée. J’aimais Martin Luther King Jr. et je l’écoutais à la radio. Comme Mary Jacob, je pensais qu’il avait le courage de sauver tout le monde. Je m’inquiétais de ce que je ferais si une émeute raciale se produisait. Aurais-je le courage de me tenir aux côtés des Noirs comme je le voulais ? Je suppose que Mary Jacob est mon moi courageux et irréalisé. À ce jour, je doute que j’aurais été aussi courageuse qu’elle.

Plusieurs sujets sont abordés dont l’amnésie post-traumatique, avez-vous pu rencontrer des personnes qui ont vécu cela afin de transmettre précisément le ressentie de Mary Jacob ?

C’est un sujet très lourd à porter pour moi. J’ai souffert d’amnésie liée au SSPT, jusqu’à ce que je sois une femme adulte avec un fils à l’école primaire. En fait, j’avais très peu de souvenirs de mes premières années de vie. Et pourtant, j’ai souvent fait des crises de panique.

J’étais jeune quand mes deux parents sont morts et j’ai décidé de quitter le Sud pour de bon. Ce n’est que lors d’une visite de passage il y a quelques années que j’ai commencé à me souvenir de ce qui m’était arrivée là-bas quand j’étais enfant. Bien que rien de ce qui est arrivé à Mary Jacob ne me soit arrivé, le roman est mon apologie de la mémoire refoulée. Ce n’est qu’après m’être réconcilié avec ma propre perte de mémoire que j’ai pu écrire un personnage qui était atteint d’amnésie post-traumatique.

Lavina est-elle inspirée de quelqu’un de réel ?

Oui en effet. Son nom était Aline, et elle est venue travailler pour ma mère quand j’avais dix ans, deux ans plus jeune que Mary Jacob. S’il vous plaît, lisez l’article que j’ai écrit à son sujet sur mon blog : http://thestoryplant.com/mary-marcus-a-lost-woolworths-photograph/

Aviez-vous envisagé un véritable « happy ending » pour Mary Jacob et Billy Ray ?

Non. Bien que ce soit une très bonne idée qu’ils puissent un jour se rencontrer et prendre un repas ensemble d’une manière normale, je ne vois juste pas comment. Cependant, je crois qu’ils deviendraient tous deux plus réels, comme des personnes vivant l’expérience de se retrouver.

Est-ce que ce roman fait véritablement écho à une partie de votre enfance ?

Oui bien sûr ! Comme je l’ai déjà mentionné, comme Mary Jacob, j’ai grandi dans une petite ville de Louisiane. J’avais une sœur plus âgée qui me terrorisait, une mère malade, et notre gouvernante, Aline, était mon modèle. Je n’ai jamais vraiment connu mon père, mais comme les filles sans père, je le cherchais toujours. Mary Jacob savait qu’elle aurait été traitée différemment si elle avait été le garçon tant attendu de la famille. J’ai un frère, qui était ce garçon tant désiré, traité comme un prince et bénéficiant de tous les privilèges qui m’ont été refusés. Ce n’est que lorsque j’ai grandi que j’ai compris l’injustice de cela représentait. Les ménages patriarcaux comme celui où j’ai élevé, comme celui que je décris, forment et déforment la vie des enfants des deux sexes.

Merci à Mary Marcus pour ses réponses !


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