L'interview de Erica Bauermeister, par les Lectrices Charleston

EricaNos lectrices Charleston ont eu la chance d’interviewer Erica Bauermeister, l’auteur du roman Le Goût des souvenirs. Découvrez ses réponses gourmandes !

Combien de temps avez-vous mis pour écrire cette histoire savoureuse ?
Tous mes livres naissent dans mon esprit des années avant que je commence à écrire. En général, cela commence avec une image ou un personnage, puis des scènes et des intrigues arrivent progressivement. J’essaie au maximum de ne pas les coucher sur le papier tout de suite, et j’attends que les mots demandent à être écrits. Et une fois que j’ai commencé, écrire un roman me prend entre 12 et 18 mois.

D’où vous sont venues vos inspirations dans la création de ces différents personnages ?
Honnêtement, je ne sais pas vraiment… Mes personnages ne s’inspirent jamais de personnes rencontrées dans la vie ou dans un livre. Ils naissent juste dans mon esprit. Pour Le Goût des souvenirs par exemple, c’est Al qui m’est apparu en premier. J’ai eu l’image d’un homme de la cinquantaine, au lit avec sa femme. Les reproches de cette dernière le faisaient tanguer, comme des vagues contre un bateau amarré. J’ai ressenti tellement d’affection pour cet homme que je me suis dit : « Je peux rendre sa vie meilleure ». Et c’est ce que j’ai fait, je pense.

De quel personnage vous sentez-vous le plus proche ? Le personnage de Lillian vous ressemble-t-il ?
Je pense que le personnage que j’aime le plus, parmi tous ceux que j’ai fait naître, c’est Isabelle. Elle m’a étonnée. Je pensais qu’elle ne serait qu’une vieille dame, douce et fragile, mais elle est devenue si complexe, si passionnante ! Sa chute dans la maladie d’Alzheimer m’a brisé le cœur, mais je suis heureuse d’avoir appris tant de choses en décrivant son personnage. Quant à Lillian, hélas, je ne lui ressemble pas beaucoup : elle a 36 ans alors que j’en ai 55 ! Mais j’aimerais lui ressembler, car je pense que c’est une personne magnifique.


Comment vous est venue l’idée de faire de la nourriture le point central de votre roman ?
Mon mari, mes enfants et moi avons vécu en Italie pendant deux ans, et la nourriture est devenue essentielle dans nos vies. J’ai grandi dans un foyer où l’on aimait suivre les recettes, ce que je n’ai jamais apprécié. Découvrir une culture qui célèbre la nourriture et son partage d’une manière si généreuse et créative m’a libérée. Si Lillian refuse de suivre des recettes dans mes romans, c’est pour cette raison. Ma propre expérience a beaucoup joué dans son rapport à la nourriture.

Lillian était déjà un personnage de votre précédent roman, envisagez vous d’en faire le personnage récurrent d’une série ? La retrouvera-t-on dans un prochain roman ?
Je n’ai pas prévu d’autre livre sur Lillian, mais je n’avais pas non plus prévu d’écrire Le Goût des souvenirs après L’École des saveurs… Disons qu’il ne faut jamais dire jamais.

La cuisine occupe-t-elle une place importante dans votre vie quotidienne ?
J’adore cuisiner. Ce soir, je vais préparer un risotto, et je suis déjà en train d’imaginer le rythme de la cuillère qui mélange, l’odeur du vin qui chauffe et du fromage râpé, la texture des grains de riz. J’aime partager mes plats avec les autres, nourrir à la fois leurs corps et leurs âmes. Tout cela m’anime. De ce point de vue, je ressemble un peu à Lillian, finalement.

Comment imaginez vous les plats que vous évoquez dans votre roman ? Est-ce que ce sont des plats que vous avez l’habitude de préparer vous-même?
En écrivant ces romans, je me suis d’abord amusée à découvrir quel aliment devait s’associer à tel personnage ou à telle intrigue, puis j’ai imaginé différents plats. Le fait de cuisiner m’a aidée à écrire. En effet, quand j’étais bloquée dans un chapitre, je partais préparer le plat que j’étais en train d’écrire, et mon blocage disparaissait. D’ailleurs, les pasta à la sauce tomate de L’École des saveurs sont toujours le plat préféré de mes enfants : ils en ont mangé très souvent quand j’écrivais ce roman. Vous pouvez trouver de nombreuses recettes sur mon site : www.ericabauermeister.com/recipes

Si vous deviez choisir un plat ou une saveur qui vous rappelle de bons souvenirs, vous choisiriez quoi ?
Je choisirais une odeur, car pour moi les odeurs sont le lien le plus direct et le plus fort avec nos souvenirs. Je choisirais cette senteur éphémère du cookie dans le four, quand il passe du moelleux au croquant. Je sais que la plupart des gens utilisent un minuteur, mais je me demande souvent si nous ne manquons pas quelque chose. Nous devrions nous entraîner à sentir cette magie. Elle est juste là, si on y fait attention. Cette odeur me rappelle mon enfance. Dans notre famille de sept enfants, j’étais la plus jeune, et c’était moi qui cuisinais les cookies. Faire les cookies représentait tellement de choses : mélanger le chocolat et le sucre et tous ces délicieux goûts, mais aussi apprendre la maîtrise quand j’ai pu le faire moi-même, et grandir, quand j’ai fait goûter à mon père mon tout premier cookie, encore chaud.

Merci à Erica Bauermeister et aux Lectrices Charleston pour cette interview !

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