Sophie Carquain vous raconte sa nuit sur France Inter

-Sophie, acceptes-tu de participer à une émission de France Inter ?
-Mais OUI ! bien sûr ! Quelle émission ?
-Tous les chats sont gris…
-Hmm….Ca sent un peu la nuit, ça ».

Ce soir, donc, j’ai l’impression de faire une mini fugue, telle l’adolescente, paire de Stilettos sous le bras, pousse la porte pour ne pas réveiller ses parents…En l’occurrence, mes enfants.

Mon carrosse-taxi m’attend en bas, direction la Maison Ronde, sous une pluie qui vernit joliment les trottoirs. Comme Paris est beau ! Et comme j’ai envie de dormir. Pendant le trajet, je réveille mes quelques neurones assoupis. Zéro stress, je suis juste heureuse à l’idée de me retrouver dans le cocon d’un studio. J’ai déjà fait une bonne vingtaine d’émissions de radios, dont une, sur France Inter toujours, à 5 heures du matin. Tout devrait donc bien se passer.

France InterMaison ronde en vue ! Je descends et retrouve la ravissante Marie Lion-Julin, psychiatre, psychanalyste, une longue liane à crinière de lionne. Car Marie, oui, il faut le dire, a plus un physique de télévision que de radio. Elle ouvre de grands yeux et me confie : « Je suis un peu endormie ». –Eh oui, moi aussi, réponds-je.

Heureusement Clélie, l’animatrice, pétillante brune aux yeux bleus, nous met dans l’ambiance. Oui, nous avons le droit d’avoir une voix douce (traduisez : crevée ou éteinte), de pleurer, de rire, de dire « je sais pas, m’dame », bref, d’être nous-mêmes. Bien plus cool, autrement dit, qu’une émission en journée.

« C’est comme si vous étiez conviées à un dîner, ok ? ».

OK, je souris à Marie, assise à 3 mètres devant moi…Un peu loin pour se passer le sel. Chut…L’émission débute, la lumière rouge s’allume. Ca commence très fort, par un dialogue violent de « Sonate d’automne » de Bergman, entre mère et fille. Un peu plombé, le dîner convivial…Mais nous nous détendons en dialoguant autour de Marguerite, Simone, Colette. Il me semble que Marie, la psy, a une tendresse particulière pour Duras, dont elle aime particulièrement Le ravissement de Lol V. Stein, et une admiration certaine pour Beauvoir, qui a su, elle, se libérer de sa mère.

Une émission est toujours frustrante, fût-elle longue d’une heure. On a toujours l’impression de n’avoir pas dit l’essentiel. J’ai eu peur que l’on ne soit trop « psy », alors que j’ai d’abord cherché à raconter trois belles histoires.

Mais c’était passionnant. Quoi…Déjà, fini ? À peine a-t-on eu l’impression de trinquer et de grignoter deux-trois amuse-gueules !

Marie, la psy, s’étonne : « Je voudrais parler encore pendant deux heures. On ne peut pas continuer ? Ou revenir ? ». Eh non. Il faut partir, rapidement, tout comme Cendrillon, avant l’orage.

Le carrosse m’attendait en bas, mais je n’avais bien évidemment plus du tout, du tout, sommeil. Je repensais, dans le taxi, à la dernière phrase que j’avais prononcée. À la question de Clélie : « Si tout était possible, quelle nuit idéale rêveriez-vous de vivre ? J’avais répondu : « Je voudrais que tous mes amis- même ceux que je ne vois plus, et ma co-auteure disparue depuis un an, viennent me retrouver aux portes du studio, et que l’on parte faire la fête, et se saouler au champagne ». Oh oui, ç’aurait été si bien…

Aujourd’hui, je suis lessivée de fatigue. 2 ou 3 heures de sommeil au compteur. J’ai pourtant un papier à écrire et même l’interview d’une romancière nigériane à traduire en français…Mais, je le confesse, j’avais besoin de me faire plaisir.Je suis donc allée aux soldes presse Robert Clergerie et j’ai craqué pour une paire de chaussures que je n’aurais jamais achetée si je n’avais pas été percluse de fatigue. Un fantasme à paillettes sur 10 cm de talons. Je ne résiste pas à l’envie de vous les montrer. Ca ne vous rappelle rien ? Elles me font penser furieusement aux escarpins de Cendrillo.

Cendrillon

Écouter l’émission sur France Inter

Voir la fiche du livre de Sophie Carquain, Trois filles et leurs mères.


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