À la découverte du métier de relieuse

Dans le roman L’année du flamant rose d’Anne de Kinkelin, le personnage de Caroline est relieuse. En ce dernier jour des Journées Européennes des Métiers d’art, nous vous proposons de découvrir ce métier presque méconnu. Madeleine relieuse de 25 ans, est la benjamine de l’atelier de reliure Houdart à Paris. Elle nous livre son expérience en toute sincérité.

Inutile de vous dire que par ici, nous saluons et admirons votre art ! Comment s’est-il imposé à vous ?

Je dessine depuis longtemps, ma relation à l’illustration et au papier m’ont finalement orientée vers la reliure. Sans doute aussi l’amour des livres, avec ce qu’ils représentent comme contenus et en tant qu’objet, l’envie d’en réaliser moi-même et d’en faire un métier.

De nombreux précieux livres ont dû passer entre vos mains ; quelle fut la « rencontre » avec un livre ancien qui vous a le plus marqué à ce jour ?

On m’a confié un magnifique « Contes de Perrault » du 19° siècle, édition Hetzel, illustré par le grand Gustave Doré : le livre était proprement en lambeaux ; il a fallu tout reprendre, nettoyer feuille à feuille, défroisser, combler, doubler, le recoudre onglet par onglet, etc… et pour finir restituer le volume au plus proche de son aspect d’origine, avec sa splendide couverture en percaline rouge et or, un enchantement, et en prime le regard émerveillé de son propriétaire lors de la restitution !

Quels sentiments vous animent lorsque vous commencez à travailler à la restauration d’un livre : excitation (nouvelle aventure), peur (de ne pas parvenir au résultat souhaité), angoisse (de ne pas être à la hauteur), impatience (de restaurer une œuvre parfois très ancienne), timidité, … ?

Comme un acteur avant d’entrer sur scène : le trac. Car on n’a pas droit à l’erreur, pas de livre de rechange, et on ne dispose pas de tellement de temps que cela pour rendre le volume. En même temps on est stimulé par les difficultés inattendues, comme un alpiniste face à une nouvelle voie qu’il n’a jamais empruntée ; on ne refait pas deux fois le même travail, les livres sont tous différents et dans des états d’origine extrêmement variables, y compris dans une même collection qui a séjourné depuis deux siècles dans le même rayonnage. Et on les aime ces livres, on en prend le plus grand soin à chaque fois.

Question bonus : quel livre rêvez-vous de toucher / restaurer un jour ?

Comme tous les relieurs, le mythique livre de Kells (célèbre évangéliaire irlandais enluminé du 9 ° siècle) et pour ce qui me concerne, les carnets de guerre de Maurice Genevoix.

Merci à Madeleine pour nous avoir livré son expérience sur son métier de relieuse.

Pour plus d’informations sur l’atelier de reliure Houdart :
– Le site internet : http://www.atelier-houdart.fr/
– La page Facebook : Reliure Houdart

Bien sûr, retrouvez le magnifique roman d’Anne de Kinkelin finaliste du
Prix du Livre Romantique !


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