L'interview de Jeanne-Marie Sauvage-Avit, par les Lectrices Charleston

Lauréate du Prix du Livre Romantique, Jeanne-Marie Sauvage-Avit s’est prêtée au jeu de l’interview par les Lectrices Charleston. Ces dernières ont pu découvrir en avant-première « La cueilleuse de thé », livre qu’elles ont adoré ! Voici les réponses de l’auteur.

Quel effet cela vous fait-il d’être lauréate du Prix du Livre Romantique des Éditions Charleston ? Quelle a été votre première réaction en l’apprenant ?

J’ai éprouvé une immense joie qui a occulté tout ce que j’étais en train de faire. Comme l’immersion dans un no man’s land où l’on est seul avec le bonheur. « Magnifique, merveilleux, formidable, magique, incroyable… tous ces adjectifs viennent à l’esprit à ce moment-là. On passe la fin de la journée dans un rêve.
Le lendemain matin, on se réveille et on réalise que ce n’était pas un rêve. Alors, on prend le téléphone et on appelle la famille (frères et sœurs dont je suis très proche mais éloignée géographiquement) … Parce que la veille, on n’osait pas y croire. Ou que par égoïsme, on voulait garder le bonheur pour soi-même.

Puis une inquiétude s’est réveillée, une peur difficilement explicable : mon roman est-il à la hauteur du prestige que l’on vient de lui attribuer ?
Ai-je donné assez de place à l’émotion, à la sensibilité, à l’épanouissement de cette cueilleuse de thé qui se réalise. C’est sûr que mon héroïne est animée d’une volonté capable de briser le carcan des codes et des conventions lié à ses origines. Mais ne suis-je pas tombée dans le piège d’une sensiblerie liée à une histoire invraisemblable, avec un peu d’exotisme par-ci, un peu de révolte par-là ? Bref, j’étais inquiète et soucieuse de ne pas avoir répondu aux attentes.
Dire que j’ai cessé de me poser ces questions serait faux. Mais je fais confiance à mes éditrices (que je remercie au passage) et à mes lecteurs qui feront la part des choses et qui, j’espère, sauront pardonner mes erreurs.
Ce prix a pour moi une immense valeur et il ne se passe pas un moment dans la journée sans que j’éprouve la joie d’avoir été primée.

Qu’est-ce qui pousse une auteure française à choisir comme héroïne une cueilleuse de thé du Sri Lanka ? Avez-vous un lien, un intérêt particulier pour le Sri Lanka et les plantations de thé ?

En 1995, avec un tout opérateur, je suis partie 15 jours au Sri Lanka. La route qui menait à Nuwara Elyia traversait une plantation de thé. Nous nous sommes arrêtés pour visiter l’usine, déguster différentes sortes de thé, acheter des souvenirs à la boutique… Ce que font les touristes.
Je LES ai vues et je peux vous assurer qu’elles ne souriaient pas. J’ai vu le kangani avec son bâton assis à l’ombre de sa cabane, j’ai vu les deux hangars, dortoirs pour les filles, des indiennes que les planteurs vont chercher sur les côtes de l’Inde, j’ai vu les lines, ces habitations alignées pour les familles qui travaillent dans la plantation, ceux qui restent en permanence…
Une amie a voulu leur donner une pièce pour les remercier de s’être laissées prendre en photo. Le guide l’en a empêchée. Car c’est le contremaître qui le prend. Il nous a conseillé de leur donner les échantillons mis à notre disposition dans les hôtels ou mieux, les chaussettes que les compagnies aériennes donnent aux passagers. Les cueilleuses les plus proches de la route ont pris les « cadeaux », les ont glissés entre les plis de leur sari… Elles avaient 13, 14 ans…
Plus tard, notre accompagnateur srilankais nous a parlé d’elles, les guides comme le « Routard », le « Petit-Futé » etc. ont fait le reste.
J’ai laissé passer des années avant de me mettre à écrire sur elles. J’étais encore en activité. Je n’avais pas le temps… mais je pensais souvent à elles.

Êtes-vous une amatrice de thé ? Ayant écrit sur les conditions des femmes dans les plantations, comment choisissez-vous votre thé ?

Je bois quelques fois du thé. Du thé en feuilles bien sûr. J’en ai acheté plusieurs paquets aux Seychelles car il est cueilli avec des machines, comme au Japon. J’ai une préférence pour le thé vert. Tout dépend de la façon dont il est préparé. J’apprécie beaucoup le thé à la menthe très sucré que préparent mes amis maghrébins, infusé plusieurs fois, du plus léger au plus fort. Un moment de convivialité…
Merci à vous pour avoir lu mon livre et avoir éprouvé le besoin d’en parler.

Merci à Jeanne-Marie Sauvage-Avit et aux Lectrices Charleston pour cette interview !


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