Interview de Joanne Harris, par les Lectrices Charleston : Chocolat
En août, Joanne Harris sera à l’honneur aux éditions Charleston : son best-seller Chocolat sera réédité, et vous pourrez découvrir la suite, Des Pêches pour Monsieur le Curé ! Chocolat, déjà vendu à plus de 10 millions d’exemplaires, nous emmène à Lansquenet, un petit village perdu quelque part en France. Quand Vianne Rocher et sa fille Anouk décident de s’y installer pour ouvrir une chocolaterie, c’est tout le village qui se met à jaser…
Nos lectrices Charleston ont pu découvrir ces deux romans en avant-première, et ont interviewé l’auteur. Voici ses réponses concernant Chocolat, roman gourmand dont l’adaptation avec Juliette Binoche et Johnny Depp a été nominée aux Oscars !
Pourquoi avez-vous choisi le chocolat ? L’histoire aurait-elle pu se passer avec un autre commerce ?
Je ne le crois pas. Le chocolat a une histoire très riche. Il a de nombreuses associations religieuses et culturelles. Il joue un rôle important dans le folklore Européen et celui de l’Amérique du sud. Son influence remonte à au moins 2,500 ans, et son empire grandit d’année en année. Les émotions qu’il soulève sont complexes et diverses. Même de nos jours, les éléments chimiques qui forment sa constitution restent mystérieux, mal compris. Non, le chocolat est bien plus qu’une simple friandise…
Vianne est très tournée vers les autres mais pense beaucoup moins à elle. Elle a aussi des convictions tranquilles, qu’elle affirme fermement mais gentiment. Est-ce un modèle de liberté d’esprit?
J’hésite à montrer Vianne en tant que modèle. Elle aussi a ses défauts. Mais oui, j’avoue que la tolérance, la gentillesse, la compréhension, le bon sens de Vianne m’attirent.
Le personnage du prêtre est très impressionnant, et concentre sur lui tout le dégoût du lecteur. Avez-vous un compte à régler avec une certaine forme de religion?
Pas avec la religion, mais avec l’intolérance elle-même, soit-elle religieuse ou autre. D’ailleurs, je n’ai jamais trouvé Reynaud détestable : mais c’est un homme qui ne comprend ni la douceur, ni le plaisir, et qui n’y voit que faiblesse et tentation. Dans Chocolat, c’est l’adversaire de Vianne. Mais dans Des pêches pour Monsieur le Curé, son caractère s’est adouci. Il a fini par commencer à comprendre ce que c’est d’être faillible, d’être humain.
Votre héroïne voyage depuis qu’elle est toute petite. Vous sentez-vous comme Vianne, qui a du mal à se fixer à un endroit, ou avez-vous un « home, sweet home » où vous vous ressourcez ?
J’ai longtemps eu du mal à savoir quel était mon pays. J’ai fini par enfin comprendre que ce n’est pas la géographie qui compte, mais le cœur. Le mien est avec ma famille, dans le Yorkshire.
Vous êtes Franco Anglaise, votre roman se déroule dans un petit village français, pourquoi n’écrivez-vous pas en français ?
Comme dans le poème de Prévert : Je suis comme je suis. Je suis faite comme ça. Mon côté anglais fait des romans. Mon côté français fait la cuisine.
Quel a été votre réaction face à la proposition d’adaptation de votre roman et à ce casting ?
Pendant longtemps, je n’y ai pas cru. On entendait tellement de rumeurs que ne je voulais pas trop espérer. Et puis, un jour, Juliette Binoche m’a téléphoné pour me dire qu’elle allait interpréter le rôle de Vianne… Le délire. Tout simplement.
Avez-vous toujours rêvé d’ouvrir une chocolaterie, vous-même?
Non, jamais. Née dans un petit magasin dans le Yorkshire, enfant, je rêvais de voyages, d’aventures.
Et vous quelle est votre friandise préférée?
Bien que j’aime toujours le chocolat, j’ai un peu perdu le goût des choses sucrées. Mon faible, c’est un petit vin rouge avec du bon pain et du fromage…
Merci à Joanne Harris et à nos Lectrices Charleston pour cette interview !