L'interview de Clarisse Sabard, par les Lectrices Charleston

Clarisse Sabard, c’est la reine des secrets de famille chez les éditions Charleston. Découverte en 2016 grâce à son ouvrage Les lettres de Rose gagnant du Prix du livre romantique… l’auteur ne cesse de se renouveler et de conter de merveilleuses histoires ! C’est le cas avec Le jardin de l’oubli, son nouveau roman déjà disponible en librairie. Les Lectrices Charleston ont pu découvrir les histoires de Faustine et d’Agathe, étroitement liées à la Belle Otero. Après leur lecture, elles ont pu poser des questions à Clarisse Sabard, voici ses réponses !

Comment vous est venue l’idée d’écrire sur la Belle Otero et la Belle Epoque ?

Contrairement à mes deux premiers romans, c’est une idée qui a mis un peu de temps à germer. Il y a un peu plus de deux ans et demi, je suis tombée sur un documentaire consacré aux cocottes. J’ai immédiatement été fascinée par l’histoire et le charisme de la Belle Otero, et je me suis dit qu’elle aurait fait un sacré personnage de roman. Quelques balades dans l’arrière-pays niçois, dont les rues des villages sont décorées avec des photos qui datent de la Belle Epoque, ont aidé mon cerveau à faire son travail d’imagination. C’était une époque complexe et pleine de paradoxe, sur laquelle j’ai beaucoup appris en effectuant mes recherches. Inclure la Belle Otero à ce roman a finalement coulé de source, puisqu’elle a vécu à Nice.

Le sujet des migrants est très sensible pour la région de Nice, n’avez-vous pas eu peur de l’aborder dans votre roman ? Existe-t-il une bâtisse qui vous a inspiré la Villa du roman (j’aimerai beaucoup aller la voir) ?

Je me suis plusieurs fois posé la question: en parler ou pas? D’autant plus qu’à l’époque où j’ai eu l’idée de ce roman, j’ai assisté à un contrôle dans un train, qui s’est terminé en arrestation. C’est en effet un sujet sensible, sur lequel j’ai décidé de rester neutre dans le livre, en donnant la voix à toutes les opinions. Je ne suis pas là pour faire de la politique, il y a des personnes plus qualifiées que moi pour cela, je déplore seulement le fait que les migrants sont la plupart du temps traités comme des animaux. La peur et la haine ont tendance à faire oublier qu’ils sont aussi des êtres humains. Pas seulement chez nous, c’est aussi le cas en Italie, ou plus récemment en Libye où certains d’entre eux ont été vendus aux enchères comme esclaves. C’est révoltant, en 2018.
En ce qui concerne la villa, je me suis inspirée de toutes celles que l’on peut croiser sur la Côte d’Azur et qui ont été construites à la Belle Epoque. Après les guerres mondiales, beaucoup ont été laissées à l’abandon et certaines commencent enfin à être restaurées. Ces belles demeures font tout de même partie de notre patrimoine culturel et témoignent d’une époque!

Trouvez-vous que le regard des hommes et de la société a vraiment changé sur les femmes qui font ce qu’elles souhaitent, en dépit du « quand dira-t-on » ?

Si on se pose la question, c’est qu’il y a encore des progrès à faire! Les femmes d’aujourd’hui ont évidemment plus de libertés qu’avant, mais rien n’est définitivement acquis. Il ne faut surtout pas baisser la garde. On demande encore trop aux femmes de justifier leurs choix amoureux, familiaux, professionnels… Lorsqu’il y a eu la vague #balancetonporc ou #metoo, certains hommes ont trouvé cela agressif. C’est bien la preuve que les femmes ne sont toujours pas écoutées à leur juste valeur.

Dans le roman, vous mettez en scène un amour fort et puissant entre les personnages de Simon et d’Agathe. Qu’est-ce qui vous a inspiré cet amour ? Un amour réel ? Imaginaire ?

Par le passé, j’ai lu beaucoup d’auteurs romantiques du XIXe siècle, dont George Sand et les soeurs Brontë, que je relis de temps à autres. Je pense que j’en ai gardé un goût pour les histoires d’amour tourmentées et fortes.
Si je ne me suis pas inspirée d’une histoire réelle, je crois néanmoins à la force des sentiments, aux âmes soeurs. La vie se charge ensuite de réunir ces personnes… ou pas!

Le roman contemporain est un genre que vous semblez aimer. Avez-vous envie de changer de genre ?

Il me semble que c’est Stephen King qui a dit qu’un auteur écrit sur ce qu’il connaît le mieux. Il est évidemment plus simple d’écrire sur l’époque à laquelle nous vivons. Mais en passionnée d’histoire, je ne vous cache pas que j’ai très envie d’écrire un roman qui se déroulerait à une autre époque que la nôtre, dans un autre pays. Je lis aussi beaucoup de thriller et j’ai quelques idées pour flirter avec le genre. Ce sera tout un cap à franchir, car entre la saga familiale et le roman plus sombre, le travail d’écriture n’est évidemment pas le même !

Merci à Clarisse Sabard et aux Lectrices Charleston pour cette interview !


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